Vers une nouvelle « Poétique de la pierre»
De la pierre est passée dans le bois, du bois est passé dans
la pierre. De la pierre ou du bois, quelque chose s’insinue, s’infiltre
et se confond. Dans les veines de la pierre et du bois des signes «
hors-langue » précisent leurs formes. Jean-Jacques Lapoirie
est passé maître en phrasé des veinules, il en dresse
un catalogue toujours renouvelé.
Une couleur se pétrifie, se fixe : celle à laquelle l’intelligence
des tâtonnements donne la préférence. Ce qui est rongé
de l’intérieur remonte à la surface. Sculpteur, Jean-Jacques
Lapoirie la révèle et y grave les signes qui comptent. Il
a su éviter deux écueils : celui des concepts à la mode
et celui d’une décoration qui traduirait la nostalgie d'un passé
révolu.
D’où proviennent ses propositions ? D’une pratique artisanale
de la sculpture, de la fabrication du papier et d’objets divers. Leur
exposition déplace les lignes, elle transforme les représentations
en des motifs dont les références s’éloignent, rompant
leurs amarres.
On peut suivre le parcours du graveur sur la matière de sa plaque.
Il creuse — au sens propre et au sens figuré — un sillon
qui est le sien dans le lacis des sentiers possibles. Jean-Jacques Lapoirie
construit des espaces hybrides, par un dispositif de productions foisonnantes,
afin de perdre ses repères - tout en préservant la surprise.
Sortie du bois, sortie de la pierre, on peut évoquer ici la déterritorialisation
et les mouvements propres au règne naturel : aux saumons, aux sauterelles,
aux tempêtes solaires ou magnétiques… D’une matière
organisée dans ses frictions, ses modifications infiniment variées,
Jean-Jacques Lapoirie donne à voir les « résultantes
» : un moment donné de la pointe acérée qui ouvre
l’impatience d’un tourbillon, de flux, de courants. Il déplace
les modes d’emboîtement en instaurant les combinatoires d’univers
possibles.
Jean-Louis Vincendeau
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Jean
- Jacques
LAPOIRIE Artiste Plasticien |
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